Les 276 critiques de Philippe Belhache sur Bd Paradisio...

Immigrants par Philippe Belhache
« Tous nés quelque part… » Les quelques mots de Maxime le Forestier sont impuissants à décrire la détresse qui émane des pages de cet « Immigrants », ouvrage collectif coordonné par l’auteur et journaliste bordelais Christophe Dabitch. Le thème en est bien entendu l’immigration, phénomène à la croisée des fantasmes ordinaires et de la politique d’exception, d’enjeux qui ne seront jamais aussi forts que la motivation d’une être humain à se déraciner complètement pour survivre.

Car c’est bien de cela que nous parle l’album. D'exister malgré les difficultés, de sauvegarder sa dignité, de se reconstruire. « Immigrations » est une somme de témoignages. Ceux de treize personnes aux origines complètement différentes : Angola, Roumanie, Maroc, Portugal, Uruguay…. Un inventaire "à la Benenton" qui pourrait agacer, mais qui n’a rien de fortuit. Chacun d’entre eux, de par son parcours, porte une parole, une histoire, une approche particulière de la France en tant que terre d’asile. Une terre qu’ils ont choisie, parfois non. Une terre sur laquelle ils ont fondé leurs espoirs : survie politique, survie économique, survie culturelle, survie tout court.

Dabitch a entraîné dans l’aventure une douzaine d’amis, dessinateurs à même d’ajouter un peu de leur âme à des témoignages souvent poignants, d’offrir une nouvelle dimension à la parole. Le résultat est forcément inégal, la composition des séquences n’évitant pas toujours l’écueil du récit frontal. Il est cependant traversé de fulgurances, de tourbillons graphiques faisant écho à l’intensité du tourment de certains témoins. Car tous n'ont pas trouvé l'apaisement dans le voyage. Christophe Dabitch s'est attaché à leurs mots, se faisant metteur en scène, évitant d’instrumentaliser le propos, cherchant le ton juste pour le retranscrire dans toute sa richesse, fuyant la tentation du formatage ou même du racolage pour mettre en avant la diversité. Il consolide son approche en accueillant dans ses pages des textes d’universitaires, historiens et sociologues, qui redonnent les grandes lignes des relations chaotiques qu’entretien le territoire avec ces « migrants qui ont fait la France ».
Neuf pieds sous terre par Philippe Belhache
Peut-on reprendre une journée à zéro, sans cesse, pile-poil au même moment ? Et voir les choses aller de pis en pis à chaque lever, même si on se relève des épreuves précédentes ? Le procédé avait été utilisé avec bonheur il y a une petite vingtaine d’année pour « Un jour sans fin », comédie familiale plutôt optimiste pilotée par l’ex-« Ghostbuster » Harold Ramis. Tanxxx et Loïc Dauvillier s’en sont emparé avec gourmandise le poussant dans sa forme la plus sombre. Ou comment un personnage peut-il aller de Charybde en Scylla à chaque pas supplémentaire… Pour ce faire, les deux compères utilisent la métaphore des neuf vies du chat, appliquée à une sorte de Fritz The Cat en slip un rien looser sur les bords. Le résultat ? Intéressant, même si l’exercice de style peut in fine apparaître un peu vain, les deux auteurs se faisant plaisir avant toute chose. La cohérence de l’ensemble est cependant maintenue par une bonne dose d’humour trash, la démarche se voyant heureusement validée à la dernière page. Tanxxx fait en outre monter la pression graphiquement. Pour ne pas lasser un lecteur bêtement condamné à revoir certaines images à l’identique, même à raison de (au hasard) neuf cases par planche, la jeune femme joue sur l’encrage, passant progressivement de l’épure au noir le plus dense. Ce petit opus au format carré pourra paraître anecdotique à beaucoup. Pour les amoureux de la forme et du fond, il apparaîtra ludique et réjouissant, avec jusque ce qu’il faut de parfum d’underground pour s’encanailler sans risque.
« L’héritage du kaiser » est le dernier opus d'une série thématique initiée par David Chauvel. Une série dotée d'un principe simple : six albums, six one-shots, six « casses ». Le contexte est libre. Le duo Hanna-Hairsine a opté, pour sa part, pour l’Allemagne Nazie. Une nouvelle variation sur le trésor perdu du IIIe Reich ? Perdu. L’homme s’intéresse au contraire à cette période charnière que constitue la montée en puissance du nazisme, entre l’accession d’Hitler à la Chancellerie et le début du conflit mondial. Une époque qui voit les valeurs de la Wehrmacht bousculée par l’idéologie hitlérienne. Un officier du renseignement décide alors de prendre du champ d’avec la nouvelle gouvernance… à sa manière. Le scénario d’Hérik Hanna est malin, un poil tordu mais pas trop, très ancré dans la réflexion du personnage principal, un espion mystérieux, ténébreux à souhait. Le scénariste, dont c’est le galop d’essai, évite au maximum les trop grosses ficelles pour nous servir un canevas plutôt roublard. On pourrait sans doute lui reprocher l’usage intensif de la voix off en cartouches, mais le procédé passe finalement plutôt bien, largement compensé par des scènes d’action réussies. Trevor Hairsine y est pour beaucoup. Le graphiste britannique, qui a travaillé sur Judge Dredd et Cla$$war, avant de prendre en main plusieurs séries Marvel labellisées X-Men et/ou Ultimate, signe là son premier album « franco-belge ». Et passe le cap haut la main, avec un traitement graphique au confluent de diverses influences, comics et cinéma, flirtant parfois avec le réalisme photographique. Le duo fonctionne plutôt bien. Avec un joli coup de main de Sébastien Lamirand aux couleurs, la dominante vert-de-gris (c’est de circonstance) mettant en valeur la violence des rouges. Un album entre action et ambiance, carré et bien foutu.
Mer noire (Largo Winch) par Philippe Belhache
« Largo Winch » serait-elle devenu « la » série phare de Jean Van Hamme ? Cela semble être le cas, le scénariste vedette du groupe Média Participation (Dargaud, Dupuis et Le Lombard, entre autres) ayant cédé l’animation de « Thorgal » et de « XIII » à Yves Sente. C’est en tout cas la série pour laquelle il donne le meilleur de lui-même. Et qu’il prend soin, ce qu’il n’a pas toujours fait, de tenir compte des évolutions d’une société en mouvement. La crise économique est passée par là, il ne l'a pas évitée. Van Hamme l'a même intégrée au passif du Groupe W, l'exposant via un courrier didactique adressé par Winch à ses collaborateurs, ainsi que dans le cadre d’une vraie fausse interview publiée dans Newsweek. Le contexte est posé, ce qui est méritoire, mais il ne s’agit pour l'heure que d’une toile de fond. Car pour le reste, « Mer noire » débute comme un Winch classique, avec les ingrédients habituels, sur un format diptyque devenu la règle. Manipulation, meurtres, avidité des puissants… Tout y est. Jusqu’au traditionnel cliffhanger intermédiaire, Largo Winch se voyant plongé dans les enquiquinements jusqu’au cou, placé comme d’habitude dans une position a priori insoluble en fin d’album. Le cocktail fonctionne cependant, toutes les spéculations sur le rôle de l’un ou l’autre des protagonistes restant ouvertes : l’ennemi est certes connu, mais cela semble trop facile, ce roublard de Van Hamme nous ressortant par ailleurs un nombre trop important d’anciens personnages pour que ce soit fortuit. Une recette efficace. L'ingrédient principal en reste le graphisme impeccable de Philippe Francq, sa mise en scène dynamique ne connaissant pas de baisse de régime, allant jusqu'à faire oublier les quelques passages inévitablement bavards. Un bon cru, donc, qui marque par ailleurs les 20 ans de la série. A suivre dans « Colère rouge ».
Maria et moi par Philippe Belhache
Les tabous tombent petit à petit. Plusieurs récits touchant aux troubles mentaux chez l'enfant ont vu le jour ces derniers mois, souvent justes, fictions ou (auto)biographies. « Maria et moi », qui appartient à ce deuxième ensemble, sort naturellement du lot. Ce récit tendre et émouvant, parfois drôle, est la chronique d’un été passé par le dessinateur espagnol Miguel Gallardo, l’un des chefs de file de la bande dessinée underground espagnole, et sa fille, Maria, 12 ans, dans un village de vacances aux Canaries. Maria est autiste. Son comportement, ses manies, son humour particulier focalise sur eux le regard des autres. Miguel Gallardo en a pris son parti, le sourire de sa fille, sa joie, étant ce qui compte le plus pour lui. L’auteur n’est cependant jamais loin. L’homme note au jour le jour les progrès de Maria, grands ou petits, victoires remportées au quotidien. Il note aussi les comportements obsessionnels de sa fille, tous ces gestes répétitifs, ces rituels qu’elle s’impose pour calmer son anxiété et profiter de la vie. Maria égrène le sable dans ses doigts pendant des heures, recense à l’infini les noms de ses camarades de classes, amis ou parents, qu’elle mémorise avec une acuité surprenante, relit sans cesse les cartes que lui a dessinées son père pour lui permettre de se repérer au quotidien… Elle évolue avec ses propres codes dans un monde qui ne la comprend pas. L’album, qui alterne de longues plages de texte, des illustrations et des planches classiques, surprend par sa sérénité, son absence de pathos. Miguel Gallardo n’est pas là pour pleurer, mais pour dire l'amour qu'il porte à sa fille. Et donner à réfléchir aux autres. « Maria et moi » n’est pas seulement un témoignage touchant et joyeux. Il se fait également didactique, donnant à voir et à comprendre, de manière simple et sensible, la réalité de ces troubles que chacun pense connaître sans jamais réellement en soupçonner les implications. Cela rend l’ouvrage tout simplement précieux.
Le renouveau de « Spirou et Fantasio », orchestré par Yohann et Fabien Vehlmann, ne doit pas faire oublier que deux des animateurs historiques de la série, Tome & Janry, sont toujours aux commandes de la version miniature, qu’ils ont créée voici… plus de 20 ans. « Le Petit Spirou ! », toujours aussi petit et mutin, fait une nouvelle apparition dans les bacs avec « Tiens-toi droit », quinzième titre de la série. Ce qu’il faut en penser ? Plutôt du bien, cette séquence renouant avec l’humour bon enfant qui présidait au premiers pas du Petit Spirou en BD, loin du caractère égrillard et parfois agressif de certains gags plus anciens. Il est difficile de jeter l’anathème aux auteurs, tant l’alchimie d’une telle série est complexe, et l’art de se renouveler ardu. Ils n’y arrivent d’ailleurs pas à tout coup, n’évitant pas une forme de répétition malgré d’addition d’un nouveau personnage, un bedeau « Quasimodo like » pas aussi débile qu’il veut bien s’en donner l’air. L’ensemble reste cependant souriant. Mention spéciale à la couverture, qui ne relève pas – malheureusement – de la simple caricature (sic)…
Neverland (Spoon & White) par Philippe Belhache
Combien de temps peut-on tenir avec un concept aussi casse-gueule que Spoon & White sans faiblir ou jeter l’éponge ? Léturgie & Léturgie, Jean & Simon, père & fils, n’ont pas semble-t-il pas encore épuisé le filon. Rappelons le pitch. Les détectives Spoon (le nabot) et White (le bellâtre) partagent le douteux privilège d’être les seuls blancs travaillant dans un commissariat de noirs, d’être aussi crétins l’un que l’autre, et de poursuivre de leurs assiduités la même femme, la pulpeuse et très opportuniste journaliste Courtney Balconi. Leur incompétence notoire et leur sale habitude d’être là où il ne faut pas place systématiquement ces deux maniaques du flingue dans des situations impossibles. Pour les Léturgie, les aventures de ces sous-doués sont surtout l’occasion de se livrer à un pillage en règle, sur fond d’humour trash, de l’imagerie des films et séries du moment. « Neverland » leur permet de se jouer du phénomène « Lost » tout en taquinant les ayatollahs de la dictature écologique et les problèmes linguistiques de la Belgique désunie. Et le délire fonctionne toujours. Le dynamisme du scénario et le graphisme débridé de Simon Léturgie emportent l’adhésion sans soucis. L’intrigue elle-même est certes oubliée aussi vite qu’elle a été lue. Mais « Spoon & White » file toujours la banane. Et ça, c’est inappréciable.
Il y avait beaucoup à attendre de ce second volet de « La malédiction des Trente Deniers », diptyque par ailleurs marqué par de nombreux coups du sort : le décès brutal de René Sterne, qui avait réalisé les premières pages du récit, la défection de Chantal de Spiegeleer, qui n’a pas souhaité poursuivre l’aventure après avoir achevé l’ultime album de son compagnon… Jusqu’à la reprise de la série par Antoine Aubin, pourtant placée sous de bons auspices, qui a nécessité – quantité de travail oblige – l’intervention d’un « pompier » maison, Etienne Schréder. L’ouvrage entre les mains, rescapé de multiples avatars, la déception est cependant au rendez-vous. Parce qu'entre gros sabots et ficelles usagées, Jean Van Hamme ne parvient pas à convaincre. Parce que cette malédiction des « Trente deniers » de Judas ressemble par trop à celles qui attendent ceux qui convoitent l’Arche d’Aliance ou le Saint-Graal (copyrights Indiana Jones 1 & 3). Parce que le périple spéléologique de Blake et Mortimer a un air de déjà vu (in « L’énigme de l’Atlantide »). Parce que le twist final est traité de manière tellement « vintage » qu’il en devient ridicule… A peine si le début de flirt entre Mortimer et l’agent Jessie Wingo fait sourire. Pas de quoi relever la sauce d’un album bavard, même si par essence tous les B&M le sont. « La malédiction des trente deniers » reste un titre lisible pour le profane. Mais un album mineur pour tous ceux qui suivent de près les aventures des héros créés par Jacobs. Dommage.
Volume 2 (Freak Angels) par Philippe Belhache
Les britanniques seraient-ils les meilleurs scénaristes de comics au Monde ? Les seuls à nous livrer des œuvres originales d’une telle puissance, en tout cas. Alan Moore a acquis un statut d’icône. Mark Millard (« Kick Ass », « Wanted », « Civil War ») et Warren Ellis (« Authority », « Planetary », « Red », « Fell » et de nombreux « Ultimates ») devraient bientôt l’atteindre. Le Lombard a eu la bonne idée d’acheter les droits de l’un des derniers nés d’Ellis. L’expérience « Freak Angels », réalisé avec Paul Duffield aux pinceaux, n’est certes pas sa réalisation la plus étrange, mais elle mérite largement le détour. Le pitch ? « Il y a vingt-trois ans, en Angleterre, douze enfants étranges naquirent au même moment. Il y a six ans, ce fut la fin du Monde. Voici ce qu’il s’est passé ensuite… »

Ce n’est pas trahir un secret que révéler que les douze ont quelque chose à voir avec l’apocalypse pré-citée. Mais le propos d’Ellis n’est pas là. Il se concentre sur les réactions à différents stimuli de ces surdoués aux personnalités aussi différentes que codifiées par fonctions, au sein de la petite communauté qu’ils ont refondé à Whitechapel, au cœur d’un Londres dévasté. On peut toujours reprocher à Ellis un rythme lent et l’usage du compte-goutte dans le timing des révélations. Mais la maîtrise du propos est superbe. Ellis évolue en outre dans un contexte de totale liberté. L’homme a en effet choisi de développer « Freak Angels » sous forme de web comics ouvert, rencontrant un véritable succès public (Avatar Press revendique plus un million de lecteurs sur www.freakangels.com) et critique.

La série prend donc doucement forme, ce second tome permettant d’investir plus avant les secrets de cette communauté, d’en saisir les contours, alors même qu’elle se prépare à franchir un nouveau cap. Paul Duffield accompagne avec talent cette mutation. Son style épuré, ses couleurs informatiques aux modelés parfois minimalistes, sa mise en page aérée (quatre cases maximum par page) prennent tout leur sens dans la parution web. Ses compositions conservent cependant leur impact sur papier, même si les visages des différents protagonistes, à force de stylisation, en deviennent stéréotypés. Ce récit diablement intrigant est prévu pour être bouclé en six tomes. Cinq sont d’ores et déjà parus outre-Manche. Et les derniers épisodes mis en ligne mettent l’eau à la bouche.

Nota Bene : Le Lombard a interverti les couvertures des tomes 1 et 2 par rapport à la version originale option « hard cover ». Un petit pincement au cœur pour les puristes. Pour les autres, incidence zéro.
Orang-Utan 2 (Eco warriors) par Philippe Belhache
Deuxième étape du « circuit » mondial des Ecowarriors concocté par Lamquet et Marazano pour les éditions 12Bis. Mondial car les auteurs, qui situent ce premier diptyque à Sumatra, ont d’ores et déjà programmé les prochaines missions du groupe en Arctique et en Inde. Le groupe ? Bonne question. Car finalement, des Ecowarriors, nous en savons toujours aussi peu. Le premier volet de « Orang-Utan » nous présentait Chris Gallway, un ex- Ecowarrior en rupture de ban, contraint de reprendre contact avec ses anciens équipiers alors même qu’il se retrouve au milieu d’une guerre entre deux multinationales pharmaceutiques. Une guerre dont l’enjeu est l’obtention d’échantillons d’un nouveau traitement révolutionnaire, mais aussi l’éradication brutale de toutes traces des moyens (illégaux) mis en œuvre pour obtenir ces résultats. Au centre du conflit ? Le profit avant toute chose.

Ce second opus n’éclaire pas tout à fait la réalité des Ecowarriors, militants aux méthodes musclées et aux moyens logistiques conséquents, dont on ne discerne pas encore les contours. Marazano préfère développer les liens – parfois chaotiques – unissant Chris à différents membres des Warriors, sans vraiment revenir sur l’incident qui a amené le premier à prendre ses distances avec les seconds. Et éclairer les lecteurs sur les pratiques d’entreprises néolibérales qui ne s’embarrassent ni des lois, ni de la morale, de l’environnement ou même de la vie humaine, paramètres secondaires dans le cadre d’un business plan, pour mener à bien leurs objectifs. Des pratiques dont l’impact sur les réserves naturelles, mais également sur les populations locales sont dramatiques. L’ambition du propos, qui bénéficie d’une pagination généreuse (presque trop), fait taire (temporairement) la curiosité du lecteur, émoustillée par ailleurs par certains sous-entendus laissant discerner l’intérêt de dirigeants desdites multinationales pour le groupe.

Le graphisme de Lamquet contribue largement à faire passer la pilule. Le créateurs inspiré des univers virtuels de la série « Alvin Norge » donne la pleine mesure de son talent dans la représentation des espaces naturels, préservés ou sinistrés. Même si ses (belles) blondes finissent par se ressembler d’une série à l’autre, l’homme reste un (très) grand dessinateur réaliste qui donne là toute la mesure de son talent. A suivre donc (c’est la règle) mais avec beaucoup d’intérêt.
Apocalypse nerd par Philippe Belhache
« Et si… » Reprenant une petite phrase du leader nord-coréen Kim Jong-Il passée inaperçues alors mêmes que les militaires américains ciraient leurs bottes pour casser de l’Irakien, Peter Bagge s’est livré à un petit exercice d’anticipation. Et si les nord-coréens avaient lâché une bombe atomique sur Seattle ? Que deviendrait la population ? Bagge donne des éléments de réponse en plongeant Perry et Gordo en pleine mouise radioactive. Le premier est un « nerd », informaticien paumé hors de son environnement urbain, le second un petit magouilleur élevé à la mode plouc américaine. Les deux amis se planquent dans une cabane au cœur de la forêt pour échapper aux retombées. Comment se comportent-ils ainsi isolés ? Ils retrouvent leurs plus bas instincts. Le récit de Bagge vire alors au « Survivor » plus ou moins disjoncté, dans un monde devenu le règne du « chacun pour soi », seule la cellule familiale immédiate semblant tenir le coup. On y tue pour des bouteilles de soda, on y tue par vengeance, on y tue par peur, on y tue par principe, on y tue par intérêt… L’état sauvage n’est pas loin. C’en est même excessif, du moins de notre point de vue européen. Les questions posées par Peter Bagge sont pertinentes (nourriture, isolement, adaptation, autodéfense, …) mais les réponses sont celles de péquenots perdus dans la montagne avec une arme dans chaque tiroir. Bagge fait en outre le choix de focaliser sur le quotidien de ses personnages, perdus sans ressources ni informations, sans prendre de recul, ou même s’intéresser à la ville elle-même. Son traitement volontairement caricatural – sur le plan du récit comme du graphisme – renforce l’idée de chaos et de dérive. Il peine cependant à emporter l’adhésion. Cormac McCarthy, il faut dire, est depuis passé par là. Son roman « The road » (prix Pulitzer en 2007) a placé le très haut degré d’exigence en matière de récit post-apocalyptique (l’humour en moins). Notons cependant que les anglo-saxons s’y retrouvent. « Apocalypse Nerd » doit faire l’objet d’une adaptation sous forme de mini-série par la BBC, sous le titre « Wasted ».
Changement total de perspective pour le duo Gibrat-Durieux. Les deux hommes avaient tricoté, avec « Les gens honnêtes », un récit gentiment cynique et amoral, mettant en scène un cadre ruiné par le dépôt de bilan de sa boîte, spolié de ses droits, qui rebondit au moment de devenir grand père pour finalement repartir de zéro en arnaquant un promoteur véreux. Le second volume prend une toute autre direction. Philippe croise la route d’un libraire épicurien pour qui une lecture ne peut se concevoir sans le vin assorti et d’une barmaid de TGV qui fait bien plus que lui donner un coup de main. Un ami, un amour. Un changement radical d'univers alors même qu’il décide, après avoir accompagné son fils dans un lycée du Bordelais, de devenir… coiffeur ferroviaire. Durieux et Gibrat font de cet épisode tragicomique un récit chaleureux et haut en couleurs, une fable sans morale, souriante et solaire, qui voit un Philippe plus désinvolte que jamais, porté par un culot monstre, papillonner de rencontre en rencontre, tester son aptitude au bonheur et finalement échapper à la mesquinerie du quotidien. Le personnage - les auteurs à travers lui - nous gratifie d'un joli pied de nez à la société bien pensante, système aux codes dévoyés, devenu avec les années une véritable machine à broyer. Une lecture euphorisante.
Oskar Kusch (Immergés) par Philippe Belhache
Nicolas Juncker reprend la mer pour un deuxième tome de sa saga « Immergés », série prenant pour cadre un U Boat, durant la Seconde Guerre mondiale. L’auteur entreprend de disséquer la vie à bord par le prisme des marins embarqués. Ni des philosophes, ni des héros. Juste des hommes pris dans la tourmente d’une guerre à laquelle ils n’étaient pas préparés, dans un milieu qui ne fait pas de place aux faibles. Günter Pulst, personnage central du premier album, était une brute épaisse confronté à la trahison. Oskar Kusch est un intellectuel et un chrétien pratiquant heurté dans ses convictions par la violence et les brimades imposées à un matelot devenu bouc émissaire du bord.

Le parcours de Kusch, l’expression de sa foi, son cheminement psychologique, se calquent sur ceux de son directeur de conscience, une figure historique réelle. Le pasteur Martin Niemöller, théologien, lui-même sous-marinier durant la Grande Guerre, a été déporté à Sachsenhausen en 1937 puis à Dachau pour ses positions hostiles à la politique antisémite du IIIe Reich. Cette « filiation » offre une densité supplémentaire à ce personnage plongé dans un univers d’une rare violence. Pulst, pleienment impliqué dans la vie de l’U Boat, voyait ses repères disparaître, mis à mal par des événements qui le dépassent. Kusch, en se tenant ostensiblement à la marge, reste lui-même. Et devient par là même le témoin désabusé d’un univers qui part en vrille, d’une communauté pervertie par l’extrême précarité de la vie à bord, mais aussi par la peur. Celle d'une mort sale, bien entendu, mais aussi celle de voir mis au grand jour un lourd secret, une forme de faute originelle qui les lient tous au capitaine.

Le parti graphique de Juncker, extrêmement fort, est un élément de narration à part entière. Il tend à faire de Kusch un extra-terrestre, une sorte de Théodore Poussin tout juste toléré dans l’enfer mécanique de l’U Boat, univers carcéral et claustrophobe. Les cadrages serrés à l’extrême, l’encrage très noir, renforcent ce sentiment de confinement. Un carcan dont seule semble pouvoir s’extraire la machine omniprésente, sorte de divinité inhumaine qui domine la vie des marins tout autant, sinon plus, que la mer et ses caprices. Oppressant et impliquant.
Et si « Commando colonial » s’imposait comme l’une des séries du moment ? « Opération Ironclad » nous avait séduits par sa singularité. « Le loup gris de la désolation » nous avait envoutés, histoire d’hommes à l’ancienne se jouant des clichés habituels. « Fort Thélème » est de la même veine. Le nom est choisi à dessein. Et si l’Abbaye de Thélème chère à Rabelais n’est citée que par allusions, ce lieu utopique décrit dans son « Gargantua » est bel est bien au cœur du récit. Avec un petit peu de l’Atlantide de Pierre Benoît, sans doute... Robillard, l’aristocrate mauricien, et son binôme Rivière, sous-officier réunionnais, tout deux membres des forces françaises libres durant la Seconde Guerre mondiale, sont cette fois lancés à la recherche d’un officier en plein cœur du désert du Sahara. A la suite d’une tempête de sable, ils sont recueillis dans un fortin transformé en petit paradis, apparemment à l’abri de tout et de tous. La réalité d’une guerre sale rattrape cependant le groupe. Le scénariste Appollo (Olivier Appollodorus) campe une nouvelle fois une galerie de personnages aux caractères forts. Le scénariste s’intéresse d’ailleurs moins à la guerre en cours qu’à la manière dont elle exacerbe les personnalités, poussant les protagonistes dans leurs retranchements, révélant leurs aspects les plus sombres. Ne voit-on pas le preux Robillard abattre de sang froid un homme sortant de son sommeil ? Brüno (Bruno Thielleux) accompagne cette descente aux enfers de son trait caractéristique, entièrement au service de l’action. Le créateur d’Inner City Blues assume ses influences graphiques issues du design des années 70. Elles se font cependant oublier au profit de ce récit ancré au coeur de l'Histoire. Tout juste si… Le capitaine Ferrand n’aurait pas un faux air d’Obi Wan Kenobi, des fois ?
Pozla et Eldiablo annoncent la couleur d’entrée. « La folie humaine a fini par avoir raison de la civilisation. Les animaux ont repris le flambeau. Mais ils sont bien aussi cons que leurs prédécesseurs… » Le scénariste ElDiablo – auteur de la série TV « Lascars » - a sorti l’artillerie lourde pour ce délire post-apocalyptique en forme de « Planète des singes » dézinguée. En titrant « Arnaque, banane et cacahuètes », le bonhomme semble loucher ostensiblement sur le cinéma de Guy Ritchie. Monkey Bizness semble cependant plus tenir du délire punk anar du « Tank Girl » d’Alan Martin et Jamie Hewlett, tendance trash, que du très british « Arnaques, crimes et botaniques ». Jack et Hammerfist sont deux singes, portés sur la gnole, les cigares et la picole. Profession : gros bras (à louer). Les deux « primates » ne connaissent qu’une loi. La leur. Et elle déménage. Les auteurs ne tardent pas à accumuler les emmerdements divers sur leurs épaules. Leur réaction ? Ils éparpillent, ils dispersent. Ils ventilent... ElDiablo explose au molotov les poncifs du grand banditisme, des prisons, des sectes, des assassins, des commandos punitifs… Et même des super-héros (aucun respect). Mention spéciale à la rencontre entre les singes et le dernier homme ayant survécu à la civilisation précédente. Ce dézinguage en règle – emballé par le trait « underground » de Pozla, complice d’ElDiablo sur la deuxième saison de « Lascars » – est insolent et sans concession. Les deux hommes ne s’interdisent rien, l’outrance même des situations leur permettant de s’élever au dessus du simple exercice de style. Un excellent défouloir...
« Le Joe Bar Team redémarre » annonce le dossier de presse. Il n’en finit pas de redémarrer, le titre en étant à sa troisième génération d’auteurs, après un bref retour de la première. La série créée en 1990 par Bar2 (Christian Debarre), reprise par ‘Fane (Stéphane Deteindre), est aujourd’hui animée par Pat Perna et Henri Jenfèvre. Une reprise pertinente ? Il était difficile pour les éditeurs de laisser péricliter une franchise - il faut dire le mot tant les produits dérivés étaient nombreux – aussi lucrative que le JBT. Et six ans ont passé depuis la parution du tome 6. Mais rien n’est tout à fait pareil. Il ne faut certes pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il y a un véritable plaisir à retrouver les bras cassés du guidon du peuplent l’univers du bar à Joe et ce tome 7 comporte quelques bons moments. Les auteurs peinent cependant à renouer avec la magie des débuts. Pat Perna se heurte d’entrée à l’effet de répétition et ne parvient pas à s’extirper du carcan imposé par la bible maison. Henri Jenfèvre livre pour sa part une copie pro très propre... mais presque trop. Le créateur graphique des « Gendarmes » (avec Sulpice et Cazenove, Bamboo) et de « L’effaceur » (avec Richez, Vents d’Ouest) fait rentrer dans le moule des personnages pourtant nés sous la plume inspirée d’un copiste de Franquin. Le « Joe Bar Team » y perd de son âme. Pire, il est en passe de devenir une série d’humour formatée, comme tant d'autres. Ce n’est pas ce qu’on pouvait espérer de mieux.
Cléo par Philippe Belhache
Fred Bernard est avant tout un romancier. Un homme qui aime écrire et décrire. Ses incursions dans le domaine du roman graphique – le nom aura rarement été aussi bien choisi – sont pour lui autant d’occasion de portraits de femmes de caractère, personnalités complexes fortement ancrées dans leur époque, avec leur lots d’élans et de contradictions, de coups de cœur et de coups de gueule. Autant de femmes entre lesquelles il tisse un lien invisible, autant d’étoiles d’une même galaxie. Lily Love Peacock, héroïne du roman graphique éponyme (Casterman), était présentée comme la petite fille de Jeanne Picquigny, égérie de « La tendresse du crocodile » et de « L’ivresse du poulpe » (Seuil). Cléo est une femme libre – pense-t-elle – de toute attache. Elle n’en compte pas moins comme amie la sulfureuse Rubis Rachmaninov, rockeuse au tatouage d’alien sur l’épaule, compagne de route de la belle Lily…

Qui est Cléo ? Une jeune femme qui part rejoindre l’homme dont elle vient de faire la rencontre. Une femme libérée ? Pas complètement. Derrière son exubérance, son manque apparent d’inhibitions, sa joie d’exulter, se cachent des fêlures, des blessures intimes. Exit l’aventure. Fred Bernard nous dresse un portrait en creux, descente en rappel dans l'âme et l’histoire d’un être faussement superficiel, d’un « petit potame » en quête d’amour véritable, élan qui lui permettrait de rompre définitivement les chaînes de l’enfance. Le bonhomme tourne autour de son personnage pour mieux le cerner, plongeant sa plume dans le passé pour mieux se projeter sur l’avenir. Son trait se fait plus doux, plus sensuel que dans « Lily Love Peacock », s’adaptant à la personnalité de Cléo. Il fait ainsi passer la pilule d’un album qui pourrait tomber des mains aussi bien qu'il peut envoûter. Car « Cléo » est bavard, articulé autour de longues tirades en voix off, surlignant une personnalité qui ne se révèle que feuille après feuille, composition sensible qui ne peut se révéler en un seul chapitre. Il faut savoir se laisser tenter. Car le Fred Bernard « intime » se révèle tout aussi passionnant que le conteur épique du récent « Homme Bonsaï » (Delcourt).
Drôle d’album que ce « Trop grand vide d'Alphonse Tabouret ». D’abord par ce qu’il tient tout autant du livre illustré que le la bande dessinée. Ensuite par ce qu’il aborde, sous ses airs faussement naïfs, un ensemble de questionnements particulièrement vaste, généralement réunis sous le qualificatif générique de « relations humaines ». Qui est Alphonse Tabouret ? Un petit bonhomme « né de la dernière pluie », auquel un Grand Monsieur, un démiurge tout autant qu’un père, donne un jour un nom. Alphonse ne sait rien de lui-même ni du reste. Ce qu’il est ? Ce qu’il fait là ? Ce dont il a envie ? Rien. Le personnage est une page blanche.

Les auteurs confrontent leur création à toute sortes de rencontres, le mettent à l'épreuve de sentiments parfois doux, parfois violents, souvent contradictoires. Le personnage tente de combler un terrible vide affectif en cherchant l’amitié à tout prix. Une quête de l’autre cahoteuse, faite de petits bonheurs et grandes désillusions, toujours rendues avec humour et tendresse. C’est là toute la force du texte de Sybilline. Le récit est avant tout une fable, un conte initiatique, une ode moderne à la découverte de soi par la découverte de l’autre. Une fable aux accents contemporains, dénuée de moralisme, dont l’universalité touche à tous les âges. Le livre peut naturellement être pris en main par les enfants. Il trouve cependant un écho particulier chez les adultes, chacun y puisant ou s’y projetant en fonction de son vécu. Le travail de Jérôme d’Aviau participe pleinement de la narration. Son trait poétique – un noir et blanc tout à tour épuré et complexe - et la narration douce mâtinée d’un humour façon « Prince de Motordu », entrent en résonance au cœur d’une mise en page fusionnelle. Le principal défaut de l’ouvrage ? Sa longueur. Mais une fois considéré dans sa globalité, il présente une belle cohérence. « Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret » est un Ovni comme on n’en voit peu, à placer entre toutes les mains.
Et si les scénaristes d’Hollywood étaient invités par le gouvernement américain à plancher sur les scénarios d’attaque terroriste ? Le pitch développé par le scénariste bordelais Jean-Luc Sala s’appuie sur des bases réelles : la collaboration, fin 2001, de plumes du cinéma américains avec des officiels du ministère de la Défense, à l’initiative de Karl Rove, conseiller de Georges W Bush, gourou du storytelling de guerre et grand architecte de la communication d’Etat dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». Les noms les plus souvent cités ? Steven E. de Souza (48 heures, Commando, Die Hard), John Milius (Conan, Apocalypse Now et – hélas – Red Dawn) ou même Randal Kleiser (Grease).

Sala s’est emparé de l’anecdote avec gourmandise. Il met ainsi en scène trois célèbres scénaristes amenés par une officine extra gouvernementale à imaginer un scénario d’attaque du territoire US avec pour seule consigne d’appliquer la théorie du pire. Quelques mois plus tard, l’un d’entre eux est assassiné par ses commanditaires. Et la redoutable machine qu’ils ont imaginée se met en branle. Le second scénariste s’enfuit, poursuivi par les tueurs, mais aussi par un groupe d’enquêteur de la CIA… Sala se régale sur une thématique – la terreur et l’instrumentalisation du terrorisme – qui inspire nombre d’auteurs ces dernières années. Il n’entend cependant pas faire une thèse. Son credo reste le cocktail humour-action, parti pris qui fait le succès public de son « Cross Fire » (avec P.-M. Chan, Soleil). Le bonhomme emballe son propos sans trop s’appesantir (dans un premier temps) sur le message politique.

C’est peut-être pourtant ce qui manque encore, ainsi qu’un brin de noirceur, à ce « Jour des fantômes » pour tenir son rang aux côtés de titres aux thématiques proches, à commencer par l’excellent « Reign » (de Tehy et Cara, chez Soleil également). « CIA : le cycle de la peur » doit se positionner sur une image. L’humour de Sala, le choix de Castaza, qui a travaillé sur des séries parodiques sur des scénarios de Georges Lautner, des clins d’œil référencés (dont la caricature de Lautner lui-même, à la place du mort), tendent à ancrer le titre dans la tradition ce pop corn movie à l’américaine, qu’affectionne particulièrement l’auteur. Un choix qui peut le desservir ? Rien n’est moins sûr. Car au-delà de ces quelques états d’âmes un rien pontifiants de journaliste qui se prend au sérieux, « Le jour des fantômes » reste un album maîtrisé, rythmé et plaisant à suivre, dont les développement peuvent encore surprendre. Il n’en faut souvent pas plus pour faire passer un message auprès du grand public.
Little Jones (XIII Mistery) par Philippe Belhache
Yann est indécrottable. Prompt à l’hommage, l’homme est définitivement inapte à la révérence. Ses deux contributions récentes au mythe « Spirou » (« Le Tombeau des Champignac » avec Tarrin et le « Le groom vert-de-gris » avec Schwartz, Dupuis) sont là pour confirmer sa formidable capacité à infiltrer les places fortes de la mythologie du 9e Art pour mieux s’en approprier les codes et les dynamiter. L’annonce de sa participation à l’aventure « XIII Mystery » n’en était que plus alléchante. D’autant que le bonhomme a été mandaté pour s’emparer de l’enfance de l’un des piliers de la série créée par Jean van Hamme, à savoir le Lieutenant Jones. Le résultat ? Du Yann. Dans le texte. Tout en démesure contrôlée. Car Yann est gourmant. Très gourmant. On lui propose d’esquisser les contours – souvent flous – de l’un des personnages secondaires de XIII ? Il en prend deux à son compte, s’offrant le général Wittaker au passage. Deux figures auxquelles il offre un destin indissociable, sur fonds d’histoire sociale des Etats-Unis. Et là, c’est festival ! Yann déroule une noria de situations directement inspirés de faits réels - du discours de Malcom X au meurtre de Sharon Tate, alors épouse de Roman Polanski – torturant l’Histoire à sa façon pour donner une dimension inédite au destin de la petite fille du Bronx devenue la protégée du général Carrington. Pour autant, Yann reste dans les clous, respectant la brève amorce biographique esquissée par Vance et Van Hamme. Ce dernier, garant de la continuité du mythe, a donné quitus. Le graphisme impeccable d’Eric Henninot, il faut dire, contribue à crédibiliser l’ensemble, unissant les différentes facettes de l’histoire, gommant les aspérités d’un scénario qui ne lésine pas toujours sur l’outrance. Prochaine étape ? La biopic du Colonel Amos. C’est le duo Alcante (scénario) - François Bouq (dessin) qui s’y colle. Au fait ! le vrai prénom de Jones est…
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